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Mieux comprendre les mécanismes du sommeil…

Le sommeil est bâti sur une succession de cycles qui s’enchaînent tout au long de la nuit. Le sommeil sera réparateur si les différents cycles se succèdent harmonieusement. Pour bien comprendre, il faut savoir qu’il coexiste dans un cycle 2 types de sommeil: le sommeil lent (avec 4 phases distinctes) et le sommeil paradoxal. Un cycle de sommeil complet dure en moyenne 90 minutes et comprend le sommeil lent et le sommeil paradoxal. En général, le sommeil lent prédomine dans les cycles de première partie de nuit et le sommeil paradoxal dans ceux de seconde partie de nuit…Chaque personne a son propre rythme : certaines auront besoin de 3 cycles pour se sentir en pleine forme le lendemain, d’autres de 6 ou 7...

Les 4 phases du sommeil lent :

Le sommeil lent favorise la récupération de la fatigue physique. Il dure en moyenne de 70 à 75 minutes…

Phase 1 : endormissement (somnolence, assoupissement) : le cerveau ralentit son activité, la respiration devient régulière. A ce stade là, nous entendons encore les bruits alentour ;

Phase 2 : sommeil léger : c’est une phase intermédiaire, entre l’endormissement et le sommeil profond

Phase 3 : sommeil lent : l’activité cérébrale ralentit encore, le sommeil profond va s’installer

Phase 4 : sommeil profond : à ce stade, le corps et le cerveau sont au grand repos. Le dormeur est comme « coupé » du monde extérieur et il est très difficile de le réveiller. C’est une des phases clé du sommeil car elle agit sur la récupération de la fatigue physique.

Le sommeil paradoxal

Découvert en 1953, le sommeil paradoxal est la phase des rêves et dure de 15 à 20 minutes. On l’appelle paradoxal, car le corps du dormeur « s’agite », la respiration devient irrégulière, le visage s’anime, les paupières bougent… Curieusement, alors qu’il montre des signes d’agitation le dormeur dort profondément. Ce sommeil correspond à 25 % de notre temps de sommeil total et est nécessaire pour notre bon équilibre émotionnel et le tri de l’information.

Entre les deux, il y a un sommeil intermédiaire , avec des micros réveil qui débouchent sur un nouveau cycle ou sur le réveil complet.

A quoi sert le sommeil ?

Le sommeil est essentiel tant pour notre équilibre mental que pour notre bien-être physique. Bien dormir permet d’évacuer les tensions et la fatigue accumulée au cours de la journée. Les muscles du corps se relâchent, les organes se mettent aussi au repos et fonctionnent au ralenti : pour preuve, l’activité cardiaque  est réduite de 10 % et la tension artérielle diminue de 20 %. Bien dormir est aussi l’occasion pour notre cerveau de mettre à jour ses données, de mémoriser certains événements et d’en rejeter d’autres. Un peu comme la touche « reset » d’un ordinateur !

Vous ne le saviez peut-être pas, mais c’est pendant le sommeil que votre enfant gagne ses centimètres ! Eh oui, qui dort... grandit ! En effet, la sécrétion de somatotropine, produite pendant les phases de sommeil profond, participe à la croissance de l’enfant. Cette hormone  permet également le renouvellement cellulaire et la libération de la mélatonine, hormone qui régule nos rythmes biologiques veille/sommeil.

Le sommeil et l’enfant

De la naissance jusqu’à l’adolescence, le sommeil de votre enfant va évoluer en fonction de son âge mais aussi de ses besoins individuels (différent des vôtres, de ceux de son frère ou de sa sœur). L’important est qu’il dispose d’une bonne qualité de sommeil en respectant une certaine régularité dans les horaires de coucher (ce qui n’empêche pas quelques écarts de temps à autre). Le sommeil, au même titre que l’alimentation, est indispensable au développement de votre enfant. Dès le plus jeune âge, il est préférable que le moment du coucher soit un moment paisible et plaisant pour lui et pour vous.

Le nouveau-né et le nourrisson jusqu’à 6 mois :

Les bébés sont de gros dormeurs avec un besoin de sommeil de 16 heures par jour en moyenne : certains nourrissons se contenteront de 14 heures de sommeil, sans que cela nuise à leur développement. D’autres au contraire pourront dormir 20 heures par jour, les premiers jours de leur vie ! A cette période, le sommeil est irrégulier et régulé par l’alimentation. Autrement dit, la faim réveille bébé et la satiété l’endort ! Puis, il va progressivement être régulé par le cycle « lumière, obscurité ». Il est fréquent que le nourrisson se réveille encore plusieurs fois dans la nuit, sans pour autant parler de trouble du sommeil. Donnez-vous un peu de temps avant d’aller le voir car il est plus souvent capable de se rendormir seul.

De 6 mois à 4 ans :

L’enfant va progressivement caler son rythme et réduire son temps de sommeil pendant la journée. Il conserve des siestes journalières qui restent physiologiques jusqu’à l’âge de 4 ans (jusqu’à 3 par jour vers 6 mois, 1 vers 18 mois). De 3 à 5 ans, un enfant dormira en moyenne 12 heures par nuit et la structure de son sommeil sera comparable à celle d’un adulte. A cette même période, le coucher peut être difficile avec des phases d’opposition classiques à cet âge. C’est aussi le début des peurs (peur de la séparation avec ses parents, peur du noir ou du monstre caché sous le lit…)

De 4 à 12 ans :

En pleine croissance, l’enfant dépense beaucoup d’énergie dans la journée et s’endort plus facilement le soir. La durée globale de sommeil devient progressivement inférieure à 12 heures.

Les troubles du sommeil chez l’enfant :

Sans parler d’emblée de troubles du sommeil, il est certain que la qualité du sommeil varie sous l’influence de facteurs divers. C’est le caractère durable, récurrent ou intense des troubles du sommeil, notamment en termes de répercussions sur la vie quotidienne (somnolence durant la journée, difficultés de concentration ou d’attention à l’école, irritabilité, humeur triste….) qui doit vous alerter.

Voici différents facteurs qui peuvent avoir une répercussion sur la qualité de sommeil de votre enfant :

- Un rythme de vie trop intense, avec des contraintes horaires, des couchers et des devoirs trop tardifs, du sport à outrance...

- des problèmes organiques transitoires comme des troubles digestifs (reflux gastro-oesophagien responsable de régurgitation spontanée et douloureuse de lait chez le nourrisson, intolérance au lait de vache responsable d’un inconfort digestif, gastro-entérite…), une affection respiratoire ou ORL, une éruption dentaire...

- le syndrome d’apnée du sommeil, lié le plus souvent à une obstruction des voies aériennes supérieures (pharynx) par de volumineuses amygdales et/ou végétations. L’enfant ronfle durant la nuit, son sommeil est de mauvaise qualité avec des réveils fréquents. La journée, il a tendance à s’endormir facilement, peut présenter des troubles du comportement (agitation ou au contraire apathie) et/ou des difficultés de concentration à l’école.

Dans tous les cas énumérés ci-dessus, le sommeil devrait revenir rapidement en traitant le problème sous-jacent.

Plus insidieuses, des causes psychologiques  peuvent engendrer des troubles du sommeil.  Sachez que tout bouleversement dans la vie de votre enfant (rentrée des classes, départ en colo, déménagement, arrivée d’un bébé, séparation des parents, deuil…) peut perturber son sommeil. L’aider à verbaliser ses inquiétudes pourra lui permettre de se sentir apaisé. Par ailleurs, l’angoisse de séparation (liée au coucher entre autre) est une étape classique du développement de l’enfant. L’anxiété provoquée par le coucher associée parfois aussi à la peur du noir et des cauchemars rend difficile ce moment pourtant privilégié. Résultat : l’enfant redoute l’heure du dodo et s’agite… « Pour favoriser une atmosphère de calme et de détente, il est important que votre enfant se sente en sécurité, explique Sylvie Laborde, médecin pédiatre. Cela passe  par un petit rituel : câlins, histoires du soir… L’important est d’adopter les mêmes habitudes tous les soirs, pour  donner des repères à votre enfant. Sachez aussi mettre fin au rituel afin qu’il puisse entendre que maintenant, c’est l’heure de dormir…Quand vous quittez sa chambre, vous pouvez aussi créer un environnement rassurant, avec une veilleuse, des peluches, une porte entr’ouverte… »

Cauchemars ou terreurs nocturnes ?

Ces deux manifestations sont physiologiques et classiques chez l’enfant.

Très fréquents dans la petite enfance, les cauchemars s’estompent vers 5 ans et sont souvent l’expression de facteurs émotionnels importants comme lors d’un changement dans la vie : déménagement, séparation des parents, problème de santé… (lire notre dossier complet sur les cauchemars).

Plus spectaculaire pour les parents, la terreur nocturne survient pendant une période de sommeil profond, souvent en début de nuit, chez des enfants âgés de 18 mois à 15 ans. Votre enfant, quoique endormi, s’agite violemment, il semble terrorisé, pleure, crie, il a des sueurs… En général, il va se calmer au bout de quelques minutes et reprendre paisiblement le cours de sa nuit… sans garder le moindre souvenir de sa nuit agitée ! Banales et sans gravité, les terreurs nocturnes  ne nécessitent aucun traitement. Elles surviennent également chez les enfants qui ont « une dette de sommeil »…

Quid du somnambulisme ?

Le somnambulisme apparaît souvent dans le sommeil lent et profond et concernerait entre 15 à 40 % des enfants de 6 à 12 ans (principalement des garçons), pour quasi disparaître à la puberté. Dans les faits, lorsque l’enfant est somnambule, il est dans une phase de sommeil profond et simultanément dans un état de demi-réveil (ce qui explique ses déplacements). Durant cette phase « d’automatisme ambulatoire », l’enfant a les yeux ouverts et peut parler, marcher, aller aux toilettes, boire un verre… Le principal risque est que votre enfant se mette physiquement en danger, en s’approchant d’une fenêtre, en descendant les escaliers ou en prenant des objets coupants. « Il n’est pas utile de réveiller votre enfant.  Parlez-lui calmement et raccompagnez-le dans son lit, il vous suivra volontiers, sans garder aucun souvenir de cet épisode ! S’il se met en danger, il vaut mieux prendre certaines précautions, comme bloquer certains accès (portes d’entrée, fenêtres) ou le faire dormir au rez-de-chaussée. Enfin, si les crises sont fréquentes (plusieurs fois par mois) et longues (plus de 10 minutes) ou si ce trouble perdure au-delà de la puberté, il est préférable de consulter un médecin, qui pourra envisager une évaluation du sommeil et éventuellement un traitement. »

L’adolescent, le couche-tard, lève-tard

40 % : c’est le nombre d’adolescents scolarisés, qui se disent fatigués, selon une étude de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale ! Certes, il est fréquent que les ados ressentent des « coups de pompe », dus à une poussée de croissance ou à une dépense énergétique importante. Dans ce cas-là, cette fatigue passagère disparaîtra au bout d’une bonne nuit de sommeil.

Cependant, certains adolescents (et pré-adolescents) accumulent un retard de sommeil, qui peut être néfaste pour leur santé et leur scolarité. Les raisons ? Un coucher tardif (au-delà de minuit), des jeux inappropriés avant de se coucher (jeu vidéo, ordinateur), une consommation excessive de café ou soda pendant la journée, des angoisses... Ajoutez à ce tableau des horaires irréguliers, un emploi du temps chargé, voire un abus de sport, de sorties… Et vous obtenez un adolescent somnolent pendant la journée, irascible avec une faible capacité d’attention. « Sur le plan physiologique, le changement du rythme de sommeil de l’adolescent (coucher plus tardif, réveil matin difficile) est lié à des modifications dans la sécrétion de mélatonine, souligne Sylvie Laborde.  A cette période également, il existe une volonté d’autonomie et de liberté par rapport aux contraintes notamment celles du coucher. En fait, de nombreux adolescents négligent leur sommeil, en pensant que c’est une perte de temps. Or, à cet âge, les besoins de l’adolescent sont encore très importants, en moyenne de 9 à 10 heures, car leur corps est en plein changement ! A cette période, les troubles du sommeil sont toujours à surveiller surtout si la fatigue n’est pas atténuée par le repos et/ou si elle est accompagnée de répercussions sur la scolarité ou d’un repli sur soi et de morosité.Il est important de dépister parmi ces adolescents, ceux chez qui la perturbation du sommeil va être le signe d’une pathologie durable ou d’un début de dépression.»