Le tabac et l'enfant : Fumeurs passifs… fumées actives !
La fumée de tabac est considérée par l'Académie de médecine comme « la source de pollution la plus dangereuse de l’air domestique ». Premières victimes : les enfants ! Et pour cause, en respirant involontairement la fumée de leurs parents, ils inhalent plus de 4 000 substances toxiques ! Quelques repères pour ne pas que la santé de votre enfant parte en fumée.
Qu'appelle-t-on tabagisme passif ?
Selon l’Office Français des Tabacs, le tabagisme passif est « le fait d’inhaler involontairement la fumée dégagée par un ou plusieurs fumeurs ». Cette notion de « tabagisme passif », également appelé tabagisme environnemental, a été mise en exergue dès 1868. Toutefois, la première étude menée sur les pathologies induites par cette forme de tabagisme date seulement de 1981.
Pour bien comprendre le phénomène, il faut savoir que la fumée inhalée par le fumeur (appelée courant principal) est bien différente que celle consumée par la cigarette (courant secondaire) ou encore celle rejetée par le fumeur (courant tertiaire). Curieusement, la fumée qui se dégage entre deux bouffées est beaucoup plus dangereuse que celle inhalée par le fumeur, car elle contient davantage de toxiques (monoxyde de carbone, oxyde d'azote…) et de cancérogènes (goudrons, benzène…). Par ailleurs, même si elle semble s’être dissipée, les substances toxiques qu’elle contient restent en suspension... pendant 3 heures ! Le tabagisme passif est donc la source la plus fréquente de pollution domestique, en raison de la concentration élevée en produits toxiques mais aussi de l’intensité et des durées d’exposition.
Pourquoi est-ce dangereux chez les enfants ?
Vous ne le saviez peut-être pas, mais la fumée de tabac contient plus de 4 000 substances chimiques ! Parmi elles, la nicotine, un psychoactif qui atteint très rapidement le cerveau, mais aussi des produits toxiques comme le monoxyde de carbone, des substances irritantes (aldéhydes, acroléine, dérivés arsenicaux et ammoniacaux…), et plus de 50 cancérogènes (les goudrons, le 3,4-benzopyrène qui est un hydrocarbure…) ! Respirer la fumée de tabac est donc loin d’être anodin pour la santé, car ces substances toxiques se déposent et s’incrustent partout : sur les murs, les revêtements de sols, les rideaux… Chez le nourrisson et le petit enfant, les effets du tabagisme passif se font sentir à partir d'une cigarette fumée par l'entourage. Pourquoi ? Tout simplement parce que leurs défenses ne sont pas encore bien développées. Les nouveau-nés, par exemple, sont particulièrement vulnérables car leur nez ne filtre pas encore les poussières et les particules comme celui de l’adulte. De même, leurs poumons se développent jusqu'à 6 ans, ce qui les rend particulièrement sensibles aux substances chimiques dégagées par la fumée.
Quels effets sur leur santé et leur développement ?
60 000 à 100 000 cas d’infections infantiles seraient imputables chaque année à la fumée de tabac. Parmi eux, on déplore une centaine de décès… Ainsi, l'inhalation passive de la fumée de cigarettes chez l’enfant altère le développement des poumons et favorise la plupart des symptômes et affections respiratoires : toux, bronchite sifflante, otites à répétition, asthme… Plus grave encore, le tabagisme passif aggrave également les maladies respiratoires chroniques préexistantes comme la mucoviscidose et serait associé à un risque de mort subite du nourrisson, multiplié par 2. Fait curieux, selon une récente enquête américaine, la fumée accroît de 27 % le risque de carie dentaire chez les enfants : 14 % des plombages chez les 4 - 11 ans lui seraient attribués !
Si toutes ces affections sont les signes visibles d’un tabagisme passif, il existe également des effets « moins visibles » mais tout aussi néfastes. Au niveau physiologique, une étude canadienne a souligné une certaine dépendance au tabac liée à l’inhalation secondaire. Résultat : les enfants exposés au tabagisme de leurs parents ont plus de risques de devenir de futurs fumeurs. Par ailleurs, le nourrisson se développe au travers de ses 5 sens, dont l’odorat. Si ses parents « sentent » la cigarette en le cajolant, il associera cette odeur à un moment doux et apaisant. Devenu adolescent ou adulte, il recherchera à recréer ce marquage affectif, et fumera d’autant plus facilement.
Pourquoi faut-il éviter de fumer pendant la grossesse ?
Fumer pendant la grossesse est formellement déconseillé, car le tabagisme actif peut favoriser les fausses couches ou les grossesses extra-utérines et avoir de graves conséquences pour le fœtus : augmentation du risque de mortalité fœtale et néonatale accouchement prématuré, retard de croissance intra-utérine...
À la naissance, « le bébé-fumeur » est également plus chétif et ses capacités respiratoires sont amoindries. Même s'il est difficile de distinguer les conséquences du tabagisme avant et après la grossesse, il existe une relation entre le tabagisme (actif ou passif) de la mère et les risques d’infections respiratoires et de cancers chez l'enfant. L’exposition prénatale à la nicotine peut aussi participer à une altération du développement cérébral avec un possible retentissement sur le développement cognitif de l’enfant. L’idéal ? Arrêter la cigarette même en cours de grossesse… Plus facile à dire qu’à faire, mais tellement mieux pour tous.