Asthme chez l'enfant : A bout de souffle !
Maladie respiratoire chronique connue depuis l’antiquité, l’asthme a connu un véritable « boom » au XXe siècle. Ces vingt dernières années, le nombre de cas a même doublé dans la plupart des pays industrialisés. Premiers touchés : les enfants ! La France compte plus de 3,5 millions d’asthmatiques dont un tiers a moins de 15 ans. Vulnérabilité génétique, pollution, substances allergènes, nouveaux modes de vie… Les causes susceptibles d’altérer le "capital souffle de l'enfant" sont multifactorielles et nos moyens d’action multiples.
Comment l’asthme se manifeste-t-il ?
L’asthme est une maladie inflammatoire chronique des voies respiratoires. L’inflammation rend alors les bronches de l’enfant asthmatique particulièrement sensibles aux agressions. On parle d’hyper-réactivité bronchique. Pour lutter contre les agressions (infection, allergènes, produits irritants…), les parois des bronches se contractent, s’épaississent et se recouvrent d’une substance destinée à les protéger : le mucus. La nature serait bien faite si ces mécanismes de défense naturels n’avaient l’inconvénient de rétrécir l’espace qui permet à l’air de circuler.
Toux sèche, oppression du thorax, difficultés à respirer (l’expiration est sifflante), sensation d’étouffement : c’est la crise d’asthme ! Relativement facile à diagnostiquer lorsqu’il se manifeste par crise, l’asthme peut aussi passer inaperçu des années durant : des quintes de toux sèche la nuit ou après un effort physique, une fatigue anormale à l’effort, des rhumes suivis de longs épisodes de toux… doivent éveiller l’attention. Par ailleurs, il faut garder en tête que les symptômes varient d’un enfant à l’autre… Il n’y a donc pas un asthme, mais des asthmes !
Quelles sont les causes de l’asthme ?
L’asthme est une maladie qui provoque une inflammation chronique des bronches.
Cette affection résulte d’une combinaison complexe entre différents facteurs, variable d’un enfant à l’autre :
Facteurs constitutionnels
- Terrain génétique familial : antécédents d’asthme ou d’allergie chez les parents ;
- Terrain personnel : enfant né avec un petit poids à la naissance, antécédents atopiques : eczéma ou une rhinite allergique à un jeune âge ; surcharge pondérale... Des facteurs émotionnels comme le stress peuvent également déclencher des crises ;
Facteurs environnementaux
ils peuvent être responsables de l’inflammation chronique et/ou l’entretenir, l’aggraver et déclencher la crise d’asthme. En cause :
- Les allergènes : on estime qu’ils sont responsable de l’asthme dans les 3/4 des cas : acariens, poils d’animaux, moisissures, squames d’animaux (déjection de blattes), pollens, polluants (produits ménagers, gaz d’échappement, fumées de feu de bois, de tabac …).
- Le tabagisme passif notamment lorsque la mère a fumé durant la grossesse ;
- Les Infections virales des voies respiratoires (rhume, bronchite…), on parle d’asthme viro-induit ;
- Certains aliments ou certains médicaments comme l’aspirine et d’autres anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) ;
- Le reflux gastro-œsophagien ;
- Des efforts physiques par temps sec et froid, ou des états d’excitation (fou rire, pleurs, colère…) peuvent aussi être des facteurs déclenchant.
Comment le diagnostic est-il établi ?
Le dépistage précoce est le meilleur moyen de lutter contre l’asthme. Un jeune enfant qui tousse fréquemment ou qui fait de nombreuses bronchiolites fera l’objet d’un suivi attentif (l’asthme du nourrisson est défini comme tel à partir de 3 épisodes de sifflements avant l'âge de 2 ans) et d’un bilan minimum comprenant notamment une radiographie pulmonaire et un bilan allergologique. Après 5 ans, il devient possible de pratiquer des mesures du souffle. Des explorations fonctionnelles respiratoires (EFR) permettent d’affiner le diagnostic. Les plus répandues ? La spirométrie, une technique qui consiste à faire respirer le malade par la bouche pour mesurer différents paramètres : capacité pulmonaire, volumes d’air inspirés et expirés, débits… La pléthysmographie permet d'effectuer des mesures, dans une pièce fermée pour évaluer, entre autres, la résistance des bronches au passage de l’air).
Lorsque le diagnostic est établi et dans le cadre de la surveillance, on peut utiliser le débitmètre de pointe. Le débit mesuré est comparé au débit théorique, défini en fonction de l’âge, du sexe, de la taille. On accepte une variation de 20 % entre le théorique et le mesuré.
Quels sont les principaux traitements ?
L’évolution de l’asthme dépend de la sévérité des symptômes, du terrain et de la qualité de sa prise en charge dès le plus jeune âge. L’objectif est de limiter les conséquences et les séquelles sur les voies aériennes. Pour le jeune enfant (jusqu'à 6-8 ans), il existe de nombreux médicaments par voie inhalée, qui doivent être administrés avec une chambre d’inhalation. Le bon entretien de cette chambre est indispensable pour optimiser l’efficacité des traitements. Ensuite, l’enfant plus grand est capable de coordonner son inspiration avec l’administration du produit.
Comme dans toute maladie chronique, il faut traiter les crises lorsqu’elles surviennent, et agir sur le fond pour en limiter la fréquence et l’intensité. En règle générale, les bronchodilatateurs en spray, qui augmentent en quelques secondes le calibre des bronches permettent de soulager la crise. Ils peuvent parfois être associés aux corticoïdes (voie orale ou intraveineuse) si la crise est sévère. Le traitement de fond de l’asthme vise à lutter contre l’inflammation des bronches : corticoïdes inhalés, parfois associés à des bronchodilatateurs longue action (différents de ceux administrés pendant la crise qui eux ont une action rapide). D’autres traitements comme les anti-allergiques ou les anti-inflammatoires peuvent être prescrits. Ces traitements de fond, adaptés au cas par cas, agissent sur la durée et doivent être pris tous les jours même en dehors de périodes de crise.
Peut-on prévenir les crises d’asthme ?
En raison du nombre important de toxiques et de produits irritants contenus dans la fumée de cigarette, la première des recommandations est d’éviter l’exposition de l’enfant au tabagisme passif. Une autre mesure de bon sens consiste à éviter les facteurs déclenchants identifiés (acariens, poussières, pollens, poils d’animaux….)
Dans tous les cas, la prévention nécessite une bonne connaissance de la maladie, par la compréhension de ses mécanismes et des facteurs aggravants (allergènes, infection, irritants, facteurs émotionnels) et par l’acquisition de comportements adaptés. De nombreux centres hospitaliers ont ainsi créé des écoles de l’asthme. Les séances proposées par ces structures sont animés par des médecins, des kinés, des psychologues… L’objectif est d’aider l’enfant à mener une vie normale et d’éviter la dégradation de la fonction respiratoire au cours du temps.
Peut-on guérir de l’asthme ?
L’asthme est une maladie chronique qu’on ne sait pas encore guérir, mais dont il est possible de diminuer, voire de supprimer les symptômes. Par ailleurs, la plupart des asthmes de l'enfant sont modérés et ont de grandes chances de se résorber avant la puberté. Ainsi, l’asthme du nourrisson disparaît dans la majorité des cas. Toutefois, 1/3 des jeunes enfants asthmatiques auront encore des symptômes à 30 ans. Un diagnostic précoce et un traitement adapté permettent à l’enfant asthmatique de mener une vie normale dans 30 à 50 % des cas. Même si chaque année en France, 2 000 décès sont liés à l'asthme, la maladie ne persiste sous des formes sévères que dans 5 % des cas.