Migraine de l'enfant : ça prend la tête !
Votre enfant se plaint de mal de tête, accompagné d’une forte fatigue, de nausée et parfois de vomissements ? Et si c’était une migraine ? En effet, la migraine est une maladie qui touche tout le monde, hommes, femmes, enfants… et même bébés ! On estime ainsi que 5 % des enfants souffrent de crises migraineuses. Alors, avant de penser qu’il joue la comédie pour ne pas aller à l’école, prenez le temps de l’écouter… et réagissez !
Pourquoi la migraine fait-elle si mal ?
Pour expliquer la douleur de la migraine, différentes théories se sont succédées, mais aujourd’hui, les scientifiques s’accordent sur une piste sérieuse : celle du nerf trijumeau. Il semblerait en effet que les fibres du trijumeau, qui innervent les vaisseaux de la méninge, deviennent très actives dans des circonstances particulières. Elles libèrent alors une substance (appelée neuropeptide) qui déclenche une réaction inflammatoire, accompagnée d’une vasodilatation des vaisseaux (augmentation du calibre des vaisseaux). Cette vasodilatation accentue alors la réaction inflammatoire qui, à son tour active un peu plus certaines fibres du nerf trijumeau. C’est le cercle vicieux. Et la douleur s’installe.
Quels sont les symptômes de la migraine chez l’enfant ?
Les symptômes la migraine chez l’enfant sont relativement proches de ceux de l’adulte à quelques différences près. Chez les plus jeunes, la douleur se situe plutôt au niveau du front ou des deux tempes en simultanée : on parle alors de douleur bilatérale, alors qu’elle est unilatérale chez l’adulte. La douleur est souvent décrite par l’enfant comme « pulsatile » c'est-à-dire comme des battements de cœur. Elle gêne systématiquement les activités et est majorée à l’effort. Un enfant en proie à une crise migraineuse devient très pâle et ses yeux sont cernés. Il est très sensible au bruit, à la lumière et souffre souvent de douleurs digestives, avec nausées et vomissements, ce qui fausse le diagnostic des parents. Dans un cas sur 2, la migraine est accompagnée d’auras visuelles (taches, mouches, étoiles..) sensitives ou auditives (sifflements, bourdonnements, fourmillements dans les membres). Ces auras disparaissent sans séquelles en 1 heure environ et précèdent le plus souvent l’apparition de la douleur. La migraine, si douloureuse et impressionnante soit-elle, ne met jamais la vie de votre enfant en danger. La durée d’une crise est variable, de 1h à 48 h (sans traitement) et jusqu’à 72h chez l’adulte.
La migraine, une maladie psychologique ?
Non, contrairement à une idée reçue, la migraine n’est pas une maladie psychologique mais… génétique. La confusion vient sans doute du fait que certains facteurs déclenchants (stress, anxiété) sont d’ordre psychologiques. Cette fausse vision de la maladie peut retarder la prise en charge. Gardez bien en tête que votre enfant ne simule pas et ne peut pas déclencher volontairement une crise.
Y-a-t-il des facteurs déclencheurs ?
Oui. Les enfants migraineux sont souvent anxieux. Certaines situations peuvent favoriser la crise migraineuse, comme le stress lié à l’école, une forte émotion (conflit familial, rentrée des classes, excitation)... D’autres facteurs sont susceptibles de déclencher une migraine : un effort physique intense, l’excès de bruit ou de lumière, la chaleur, les transports, un choc sur la tête, le manque de sommeil… Quel que soit le facteur déclencheur, une bonne prise en charge est nécessaire car la migraine peut entraîner un absentéïsme chez l’enfant ou des difficultés à pratiquer certaines activités sportives.
Comment savoir si votre enfant souffre d’une migraine ?
Dans un premier temps, il est bon de regarder de plus près les antécédents familiaux, car dans 90 % des cas, un enfant migraineux a une personne migraineuse dans sa famille. La carrière d’un petit migraineux commence vers 6 ou 7 ans, mais on a découvert que certains nourrissons souffraient de crises… Le diagnostic se pose facilement, en écoutant l’enfant et les parents décrire la douleur et grâce à un examen complet : réflexe, tension artérielle… Très souvent, les parents redoutent une tumeur cérébrale, mais l’examen et l’interrogatoire précis suffisent à écarter ce diagnostic. Si un doute persiste, votre médecin peut demander des examens spécifiques (IRM, scanner…)
Quelle prise en charge préconiser ?
Bonne nouvelle, la migraine est souvent plus facile à soigner chez l’enfant que chez l’adulte et les crises diminuent ou disparaissent en grandissant (15-20 ans). La prise en charge repose sur un traitement de crise à prendre dès le début de la migraine y compris à l’école (mise en place d’un projet d’accueil individualisé) pour éviter qu’elle ne s’installe. Les médicaments utilisés en première intention sont le paracétamol et surtout l’ibuprofène à bonne dose. Pour les enfants de plus de 30 kilos, votre médecin peut également vous prescrire des médicaments de la famille des triptans. Une bonne nuit de sommeil (ou une sieste dans le noir) permet aussi de calmer la crise. Il est également possible d’agir sur d’autres facteurs déclenchant en prenant par exemple un casse-croûte si la faim est responsable de la migraine…
Cependant, si les traitements soignent les crises, ils ne font pas disparaître la maladie et pour certains enfants ou adolescents, les crises peuvent se répéter fréquemment, gênant alors leur quotidien. Il est bien évidemment impossible de supprimer tous les facteurs déclenchant, mais la mise en place de techniques non médicamenteuses (telle la relaxation ou l’hypnose) permet d’avoir de bons résultats : meilleure gestion de la douleur et du stress. Enfin, pour aider l’enfant à gérer ses crises, vous pouvez tenir avec lui « un agenda de la migraine » : cet outil lui permettra d’identifier les facteurs déclencheurs, de noter la prise des médicaments…
En résumé, tout ce que vous devez retenir sur la migraine
- La migraine n’est pas une maladie psychologique mais génétique ;
- Chez les enfants, la migraine se caractérise par une douleur pulsatile bilatérale, souvent précédée d’auras visuelles ou auditives (vision trouble, voix, bourdonnement…) ;
- Un enfant migraineux a le teint pâle, les yeux cernés, il est sensible au bruit et à la lumière, souffre de nausées (avec vomissements) ;
- Plusieurs facteurs extérieurs peuvent déclencher une migraine : stress, forte émotion, bruit, lumière, choc sur la tête, manque de sommeil, effort physique…
- Le diagnostic se pose facilement grâce à un examen complet (réflexe, tension) et en écoutant les parents et l’enfant décrirent la douleur ;
- La migraine est plus facile à soigner chez l’enfant que chez l’adulte.