Mon enfant s’est cassé la jambe !
Chutes de vélo, mauvais coups, accident de ski… Très fréquentes chez l’enfant, les fractures demandent une prise en charge spécifique, qui respecte la croissance osseuse des plus jeunes... Eclairages.
Le squelette de l’enfant
206 : c’est le nombre d’os qui composent le squelette d’un adulte. Mais à la naissance, le nourrisson en possède environ 270 ! Une partie de ces os vont se souder au cours de la croissance, notamment ceux situés au niveau du crâne, du bassin ou de la colonne vertébrale. Plats, longs, courts… Les os constituent la charpente de notre corps. Ils protègent nos organes vitaux, comme le cœur ou les poumons, situés à l’intérieur de la cage thoracique, ou le cerveau, bien à l’abri sous le crâne. Chaque os a une forme particulière, en fonction du travail qu’il fournit. Par ailleurs, l’os est une matière vivante, constituée d’une protéine, l’osséine, de sels minéraux, de calcium, magnésium et phosphore, mais aussi de fer, de potassium, de chlore ou de fluor, en petite quantité. Ils se renouvellent chaque année de 10 %, d’où l’importance d’une alimentation équilibrée pour éviter toute carence en sels minéraux. Il faut garder en mémoire que les os d’un enfant sont immatures, en pleine croissance, tant en longueur qu’en largeur. Ils ont aussi une structure différente des os des adultes. De par leur grande porosité, ils sont plus vulnérables et peuvent se plier (fracture en bois vert, caractéristique chez l’enfant) ou s’écraser facilement lors d’un traumatisme mineur (fracture en « motte de beurre » du poignet). Ceci explique pourquoi, pour un même trauma, un adulte souffrira d’une luxation alors qu’un enfant aura une fracture ! Autre grande différence : l’os en croissance est recouvert d’un périoste très épais, qui se rompt moins facilement et qui favorise une guérison et une consolidation plus rapides des fractures.
Comment établir le diagnostic de fractures ?
Les fractures de l’enfant surviennent surtout à la suite d’une chute (vélo, skate, ski, chaise, escalier..) ou d’un choc violent. Intrépides, les garçons semblent plus touchés que les filles (60 % contre 40 % des fractures)… Les fractures les plus fréquentes ? Celles du poignet, de la clavicule, du coude, de l’avant-bras, des chevilles et des os longs (tibia et fémur). Bonne nouvelle cependant, elles se réparent vite et bien mieux que celles d’un adulte. Par ailleurs, les complications restent assez rares chez les tout-petits. Certains signes évocateurs peuvent laisser supposer que votre enfant s’est fracturé un membre : l’événement déclencheur (choc, chute), la douleur subite, l’impossibilité d’effectuer des mouvements, la formation d’un œdème ou la déformation d’un membre (angulation, enfoncement…), la présence d’un hématome. Généralement, une simple radiographie permet de confirmer un diagnostic de fractures. D’autres examens peuvent être pratiqués comme la scintigraphie osseuse, mais cela reste assez rare.
Quel traitement en cas de fractures ?
Dès le début de la prise en charge par l’équipe soignante (SAMU, urgences), l’administration d’un médicament anti-douleurs (de type morphine) permet un apaisement de la douleur et une réalisation des soins dans de bonnes conditions.Le plus souvent, votre enfant est plâtré immédiatement, pour immobiliser le membre et soulager la douleur. Parfois, le plâtre est posé après réduction de la fracture (le but de cette manœuvre est de remettre les os dans l’axe) sous anesthésie générale. Dans certains cas, les traitements chirurgicaux (réduction anatomique, plaque vissée…) peuvent être nécessaire. Avant la puberté, un enfant n’aura pas besoin de piqûres quotidiennes d’anticoagulants car il ne sera pas sujet aux risques de phlébites ou d’embolie ! Par ailleurs, même après une longue immobilisation, les enfants récupèrent vite et souffrent peu de raideurs. Ainsi, des séances de kiné ne seront que rarement prescrites.
Quelles sont les complications possibles ?
Les complications les plus fréquentes sont la fracture ouverte, les lésions vasculaires (hématomes) ou nerveuses (entrainant des anomalies au niveau de la sensibilité de la peau comme des fourmillements, une diminution de la sensibilité ou des difficultés motrices quand c’est un nerf moteur qui est touché). Rassurez-vous cependant, l’enfant se défend mieux contre les infections qu’un adulte et récupère plus vite d’une lésion nerveuse.
Autres complications possibles :
Les complications précoces :
Le syndrome de Volkmann : cette complication fait, en général, suite à une fracture de l’avant bras ou du coude, à cause d’un plâtre trop serré qui peut entraîner une rétraction progressive des muscles fléchisseurs. Les signes cliniques : douleurs, engourdissement, impossibilité à étendre les doigts. Des consignes de surveillance vous seront remises dans les premiers jours suivant la pose du plâtre. En cas de signes évocateurs, il sera indispensable de consulter votre médecin ou l’orthopédiste qui s’est occupé de votre enfant.
Retard de consolidation : dans ce cas, il suffit d’immobiliser le membre plus longtemps. Exceptionnellement ce retard peut conduire à une pseudarthrose (définie par un retard de consolidation au-delà de 6 mois avec mobilité du foyer de fracture et douleur) par lésion du périoste.
Les complications tardives :
Les nécroses : très rares, elles concernent surtout le fémur ou le coude.
Les raideurs articulaires : elles sont rares et généralement dues aux fractures articulaires.
L’algodystrophie ou syndrome douloureux régional complexe : ce diagnostic est souvent sous-évalué. Il se manifeste par la réapparition ou la persistance de douleurs intenses alors que la fracture est consolidée parfois même à distance de la guérison. Ces douleurs s’associent souvent à des changements de coloration et/ou de température de la région du corps concernée (rouge et chaude, violacée, bleue ou blanche et froide). Un œdème peut également apparaitre. Dans ce cas, l’important est de maintenir une kiné douce et de soulager la douleur afin d’éviter une gêne trop importante empêchant les mouvements.