La rougeole, une priorité nationale
On la croyait disparue, là voilà qui revient en force ! Loin d’être anodine, la rougeole fait chaque année des milliers de victimes dans le monde, dont une majorité d’enfants de moins de 5 ans. La vaccination reste la meilleure des préventions pour venir à bout de cette maladie infantile, parfois mortelle.
La rougeole, maladie bénigne ?
La rougeole est une maladie virale extrêmement contagieuse causée par le Paramyxovirus influenzae. Cette affection reste l’une des causes importantes de décès chez les enfants. Selon l’OMS, 164 000 personnes - dont une majorité d’enfants moins de 5 ans - ont été emportées par ce fléau en 2008, soit 450 décès par jour dans le monde. Or, il existe un vaccin sûr et efficace.
Comment se transmet-elle ?
Extrêmement contagieux, le Paramyxovirus influenzae se transmet par les gouttelettes de salive (toux, éternuements, en contact direct avec le sujet malade), et l’incubation dure une dizaine de jours. Le virus reste actif dans l’air ambiant pendant 2 heures environ. Les porteurs du virus sont contagieux les 4 jours précédents l’éruption cutanée ainsi que les 4 jours suivant. La rougeole sévit principalement en hiver et au printemps dans les zones tempérées. Si les complications restent rares en France, elles sont très fréquentes dans les pays en voie de développement.
Quels sont ses symptômes ?
Il faut être vigilant si votre enfant souffre d’une forte fièvre, associée à une toux, une conjonctivite, un larmoiement, un écoulement nasal, des diarrhées et des vomissements. L’éruption cutanée confirmera le diagnostic : les plaques rouges, plus ou moins en relief, apparaissent quelques jours plus tard, sur le visage, derrière les oreilles et le cou. L’évolution de l’éruption se fait en marche descendante : en 3 jours, elle va progresser vers les mains et les pieds, puis sur tout le corps. Cette éruption cutanée, caractéristique de la rougeole, va persister une petite semaine (5 à 6 jours) avant de disparaître totalement, laissant place à une desquamation de la peau (la peau pèle). Au cours de la phase « éruptive », votre enfant est très fatigué, et la fièvre persiste, tout comme l’écoulement nasal, la diarrhée…
Un bon réflexe pour poser le diagnostic avant l’éruption cutanée, le signe de Köplik : il s’agit de toutes petites tâches blanches situées sur la face interne des joues (proche des prémolaires). Elles vont disparaître dès que l’éruption commence.
Quelles complications ?
La plupart des décès sont dus aux complications sévères de la maladie : encéphalites, diarrhées entraînant une déshydratation, infections respiratoires (pneumopathie). D’autres complications peuvent également survenir comme des surinfections auriculaires ou otites, une cécité. Les enfants dénutris ou souffrant de mucoviscidose, de malformations cardiaques, d’insuffisance respiratoire ou traités par chimiothérapie ou corticoïdes sont plus sensibles aux risques de complications que les enfants en bonne santé.
Selon les derniers chiffres de l’OMS, plus de 95 % des décès par rougeole surviennent dans des pays en voie de développement où l’infrastructure sanitaire est insuffisante.
Quels traitements ?
Lorsque le diagnostic est posé, votre enfant ne doit plus aller à la crèche ou à l’école tant qu’il est jugé contagieux (jusque 5 jours après le début de l’éruption), et le médecin doit déclarer le cas à la DDASS. En général, votre médecin vous prescrira des traitements contre la fièvre et veillera à ce que votre enfant ait un apport hydrique suffisant pour éviter toute déshydratation (solution de réhydratation orale). Un traitement antibiotique peut être envisagé à titre préventif ou curatif pour lutter contre les surinfections bactériennes (oculaires, auriculaires). Enfin, pendant la convalescence, votre enfant devra rester au repos, généralement dans la pénombre. L’hospitalisation n’est envisagée qu’en cas de complications graves (pneumopathie, encéphalite…) ou de sujets fragiles (mucoviscidose, maladies respiratoires, cardiaques…). En cas de terrain fragilisé, il peut être administré des perfusions d’anticorps stimulant ainsi les défenses contre le virus.
Un vaccin efficace…
En France, le vaccin contre la rougeole existe depuis les années 60. Et depuis 1986, il est associé aux oreillons et à la rubéole (c’est le vaccin trivalent ROR). S’il n’est pas obligatoire, ce vaccin reste fortement conseillé pour enrayer tout risque d’épidémie et limiter le nombre de décès par complication. Pour garantir une immunité optimale, il est recommandé pour les nourrissons en collectivité d’effectuer la vaccination avant l'âge d'un an, avec une première dose à 9 mois et une seconde entre 12 et 15 mois. Pour les autres enfants, la première injection est recommandée à 12 mois avec une 2e dose entre 13 et 23 mois. Cette deuxième dose de vaccin permet d’améliorer la couverture vaccinale, car 15 % des enfants n’acquièrent pas une immunité totale avec la 1ere dose.
Votre enfant n’est pas encore vacciné ? Il existe un programme de rattrapage pour les 2 à 29 ans :
- 2 doses pour les enfants et adolescents nés en 1992 (majeurs en 2010)
- 1 dose unique pour les adultes nés entre 1980 et 1991.
… mais peu administré
La semaine européenne de la vaccination, en avril dernier, a fait du vaccin contre la rougeole une priorité nationale. Depuis 2 ans, cette maladie gagne du terrain en France. Ainsi, l’institut national de veille sanitaire (INVS) recensait 604 cas en 2008 et plus de 1600 en 2009. Au premier trimestre 2010, il en comptabilise déjà 660. En cause, le niveau insuffisant et trop hétérogène de la couverture vaccinale en France. Résultat : le nombre de sujets non immunisés conduit à une diffusion du virus et une augmentation du nombre de foyers de cas groupés (notamment en collectivités, crèches, chez les étudiants et les gens du voyage). Les populations les plus touchées par cette épidémie sont les jeunes enfants (moins de 1 an), les adolescents et les jeunes adultes.