Enfants : en finir avec la douleur
Traumatisme, acte chirurgical, douleur induite par les soins, maladies aiguës ou chroniques, douleurs inexpliquées, douleurs psychosomatiques… L’enfant, quel que soit son âge, ressent la douleur comme un adulte peut-être même plus pour les tout petits. Pourtant, malgré les progrès récents de la médecine, celle-ci n’est pas toujours reconnue et soulagée par les soignants. Comment aider un enfant qui a mal ? Quels gestes adopter ?
La douleur, quelle douleur ?
La douleur chez l’enfant a longtemps été sous-évaluée, voire niée. Or, on sait aujourd’hui qu’un nourrisson possède dès la naissance et même dès le 6e mois de grossesse, toutes les capacités neurophysiologiques pour ressentir la douleur. Il a par ailleurs une immaturité des structures qui aident à contrôler la douleur : sa perception est donc plus intense que celle d’un adulte ! Pourtant, malgré les progrès de la médecine, la prise en compte de la douleur exprimée par l’enfant reste encore insuffisante. Ainsi, pour un même motif de consultation, un enfant reçoit en général un traitement anti-douleur bien inférieur à celui d’un adulte. Comment expliquer cette différence de prise en charge ? Plusieurs éléments de réponse : certains praticiens craignent de masquer un diagnostic en diminuant la douleur, d’autres semblent peu formés à la prise en charge, d’autres encore estiment que la douleur de l’enfant relève plus du caprice que d’une réelle « stimulation douloureuse ».
On distingue les douleurs aiguës de courte durée des douleurs chroniques évoluant sur plusieurs semaines.
Les causes de douleurs sont nombreuses :
- Pathologies aigues banales comme les infections ORL (angine, otite, laryngite, pharyngite), les gastro-entérites, autres maladies infantiles…
- Pathologies traumatiques : bosse, entorse, fracture…;
- Douleurs induites par les soins : acte chirurgical, points de sutures, perfusion, prélèvement sanguin, autres ponctions, vaccinations …
- Maladies chroniques : migraines, rhumatisme articulaire, maladie du tube digestif, handicap et maladies d’origine neurologique, cancers…
Parfois, la cause de la douleur n’est pas évidente, ce qui n’enlève en rien sa perception par l’enfant. Dans tous les cas, vous qui le connaissez bien, n’hésitez pas à demander conseil à votre médecin si votre enfant se plaint de douleur et/ou a un comportement inhabituel : des nuits agitées, des pleurs, un manque d’appétit, un désintérêt pour les jeux.
Comment un enfant exprime-t-il sa douleur ?
La douleur se manifeste différemment selon les survenues, sa durée, l’âge de votre enfant et son niveau de compréhension, son vécu des douleurs antérieures (appréhension…). Ainsi chaque enfant va exprimer la douleur à sa façon. Pour une même maladie ou pour un même soin douloureux, 2 enfants du même âge ou d’une même famille pourront réagir de façon tout à fait différente : cela ne signifie pas que l’un est plus courageux que l’autre !
Une douleur aiguë va générer des pleurs, des cris et/ou des grimaces avec éventuellement une plainte exprimée chez l’enfant en âge de parler. L’enfant douloureux pourra prendre des positions dite antalgiques c'est-à-dire destinées à protéger la zone douloureuse.
Si la douleur se prolonge dans le temps, le comportement de votre enfant peut se modifier, passant de l’agitation à l’apathie (immobilité, retrait). C’est ce que l’on appelle l’atonie psychomotrice. L’enfant apparaît alors triste, muet, immobile ; il ne communique plus, ne réagit plus aux stimulations extérieures. Souvent confondu avec une dépression, ce tableau clinique marque pourtant une situation de douleur intense. La prise en charge de la douleur dite chronique est complexe et relève de consultations pluridisciplinaires qui prennent en compte les différents facteurs (somatiques, psychologiques, familiaux…) et proposent des moyens thérapeutiques à la fois médicamenteux et non médicamenteux (relaxation, sophrologie, hypnose, neurostimulation, massages, suivi psychologique…).
Comment évaluer la douleur d’un enfant ?
Si la douleur de l’enfant a été aussi longtemps niée, c’est parce qu’elle n’était pas accessible à la mesure. Ainsi, certains soignants pouvaient penser qu’un enfant semblait douloureux alors que d’autres n’en avaient pas « l’impression »…
Afin d’avoir une mesure objective de la douleur (comme lorsqu’on mesure la température), les praticiens ont créé des échelles d’évaluation. Elles permettent de chiffrer la douleur, soit avec l’aide de l’enfant selon son degré de compréhension (on parle alors d’auto-évaluation), soit en observant l’enfant (ses mimiques, ses mouvements... il s’agit d’une hétéro-évaluation).
Les principales échelles utilisées pour l’auto-évaluation sont :
- l’échelle des visages sur laquelle on montre à l’enfant (à partir de 4 ans) différents visages qui ont de plus en plus mal. Il est demandé à l’enfant de choisir le visage qui a mal comme lui ;
- une échelle classique (dite visuelle analogique ou EVA) graduée de 0 à 10 (0 = pas de douleur ; 10 = très forte douleur) pour les plus grands (à partir de 6 ans).
On peut aussi demander à l’enfant de représenter sa douleur sur un dessin du bonhomme avec le code de couleurs qu’il aura choisi.
Les échelles d’hétéro-évaluation sont nombreuses en fonction de l’âge de l’enfant, de la durée de sa douleur (aigue ou chronique), du contexte de la douleur (post-opératoire, enfant handicapé….).
Ces outils permettent ainsi d’apprécier l’intensité de la douleur de l’enfant, d’y répondre par un traitement adapté puis d’apprécier l’efficacité du traitement.
Il est recommandé lorsqu’un enfant est hospitalisé de faire une évaluation au moins quotidienne de la douleur (au même titre que la prise de la température ou la tension artérielle) voire plus si l’enfant est effectivement douloureux.
Quelle attitude adopter pour accompagner un enfant douloureux ?
La première des choses est d’entendre la douleur exprimée par un enfant sans banaliser, sans dramatiser, sans mentir (inutile donc de dire à un enfant, cela ne va pas faire mal si on sait parfaitement que cela va être douloureux !). Le simple fait d’être à l’écoute de votre enfant, d’être présent, de le rassurer par vos paroles ou vos gestes représentent déjà beaucoup.
A Lire notre interview du docteur Annequin, sur les traitements anti-douleurs.